résumé - présentation conf.Résumés des conférences, interventions et présentation des participants Paul Abouna « Anthropomorphisation métaphorisation et mimétisme comme structure de présentation et de représentation des couleurs des chez les beti-bulu-fang d’Afrique Centrale » Résumé : L’environnement naturel des peuples Beti-Bulu-Fang d’Afrique Centrale leur offre une bonne palette de couleurs : vert, rouge, jaune, bleu, noir, blanc, marron, etc. contrairement à la langue française qui les désigne à travers des symboles neutres, les langues des peuples qui sont concernées dans cette réflexion empruntent au corps humain, à la comparaison et à l’imitation. En effet, le premier moment qui charpente la dénomination d’une couleur est Nyol. Ce qui signifie littéralement « corps » (humain). Et les autres consistent à spécifier la nature de cette couleur par une projection sur un élément de l’environnement physique, projection fondée sur la ressemblance ou l’attitude mimétique. Le présent propos ambitionne de décrire les éléments structurants de la dénomination des couleurs chez les Beti-Bulu-Fang, puis de les interpréter à l’aune d’un logiciel qui tire ses fondements dans la fameuse formule de Geneviève Calame Griaule (1977), selon laquelle, il faut éclairer les allusions des parlers au contexte social et culturel des peuples. Paul est un Maître de conférences, enseignant au Département d’Anthropologie de l’Université de Yaoundé I. ses principaux champs de recherche sont : l’anthropologie politique, l’ethnolinguistique, l’anthropologie numérale. - Haoua Adji-Oumar_Liman ‘’La couleur dans les perspectives agro-alimentaires et le développement animalier du Nord – Cameroun : pistes de recherches fulfuldé, kotoko et kanuri’’ Résumé : La couleur influence en permanence nos perceptions et comportements. Composante visuelle le mieux assimilée, elle est mémorisée avant les formes et les mots. Dans les champs agro-alimentaires et le développement animalier, les couleurs naturelles des espèces ainsi que celles issues des améliorations génétiques préoccupent les membres de l’équipe pluridisciplinaire du CRRI-Nord Cameroun. J’analyse les perceptions des différentes couleurs des aliments (céréales, fruits et légumes, tubercules, légumineuses, protides) associés à leurs compositions alimentaires résultant d’un emprunt, d’une création lexicale ou d’une modification morphologique. Le choix des couleurs finaux des produits agro-alimentaires, du conditionnement du produit, du renvoi symbolique et de l’attrait procuré aux consommateurs conditionne toute démarche de marketing. Ces choix font partie intégrante de toute stratégie de communication visuelle forte. Ainsi à partir d’une brève description des principales caractéristiques culturelles fulfuldé, kotoko et kanuri, j’expose des pistes de recherches qui tentent de cerner si il existe ou non un lexique ou des lexiques appropriés pour les différentes couleurs existantes ou si nous devons avoir recours à des périphrases, expressions idiomatiques pour exprimer la restitution des couleurs et satisfaire les nouveaux besoins de commercialisation de nos produits Bio.
- Erick Cakpo Coordinateur du projet TSANGA et du colloque avec Sylvie Grand'Eury-Buron (erick.cakpo@univ-lorraine.fr ), Erick anime l’atelier Perception-dénomination traditionnelle et moderne de la notion de couleur - axe(s) de réflexion de travail : nature des objets importés nommés avec terme de couleur et appropriation de ceux-ci (art, religion, technologie (usage du fer), etc.) avec Yves Monino, Ancien DR LLACAN-CNRS, Langage, langues et Cultures d’Afrique Noire, Jean-Claude DODO (Côte d’Ivoire), Haroua DJI (CRRI- Ngaoundé) et Adbon Beyama Beyama (Yaoundé2-Cameroun) thème atelier : Un aperçu historique des questions relatives à la perception et à la dénomination des couleurs permet de constater que les théories élaborées en sciences humaines oscillent entre une conception évolutionniste et/ou culturaliste (S. Tornay, 1978). En Afrique subsaharienne, le contact des cultures locales avec les traditions occidentales dû, entre autres, à l’entreprise coloniale a entraîné un jeu de mélanges et d’influences dans la conception et la dénomination des couleurs si bien qu’il semble aujourd’hui difficile de distinguer ce qui relève de la variabilité culturelle et ce qui est de l’ordre de l’universalité.L’atelier propose d’examiner, dans une approche dynamique, à partir des objets importés par les Européens, comment la question de la nomination, de la perception et de l’appropriation des couleurs s’est posée en Afrique subsaharienne. L’une des finalités de l’atelier est d’aboutir ou d’ébaucher la démarche la plus pertinente pour approcher les problèmes entre le culturaliste et l’universaliste.
- Caroline Cance ’’Dire la couleur en palikur : des techniques d’élicitation aux stratégies de désignation et aux processus de catégorisation ‘’Résumé : Cette étude explore les stratégies d’expression de la couleur en palikur, langue arawak parlée en Guyane française et au Brésil, à partir de données élicitées à l’aide d’un protocole visant à prendre en compte le caractère culturellement et écologiquement situé de la notion de couleur.
- Antonia Cristinoi-Bursuc ‘’Dire la couleur en palikur : des techniques d’élicitation aux stratégies de désignation et aux processus de catégorisation’’Résumé : Cette étude explore les stratégies d’expression de la couleur en palikur, langue arawak parlée en Guyane française et au Brésil, à partir de données élicitées à l’aide d’un protocole visant à prendre en compte le caractère culturellement et écologiquement situé de la notion de couleur.
Mbacké Diagne ‘’ Langue, territorialité et perception de la couleur : les Bayots face aux Wolof’’ Résumé : Le travail que nous présentons ici montre comment les Wolofs et les Bayot, à travers leur langue respective, représentent différemment les significations tirées de leur vécu et de leur perception de la couleur et comment ils usent de stratégies spécifiques pour la catégoriser et la dénommer. Dans le cadre du colloque Macké Diagne présente le mercredi 8 « Enjeux et perspectives couleurS sénégalaises » - synthèse des pistes de recherches « couleur » des 42 membres TSANGA pour les prochaines rencontres jurqu’en 2020. Mbacké anime également l’atelier Recherches de terrain, catégorisation, traitement des informations lexicales et sémantiques / axe(s) de réflexion de travail : linguistique et ethnolinguistique de terrain, description et modélisation du lexique avec Olivier Bondéelle - MoDyCo- UMR 7114 Modèles, Séraphin-Personne Féikéré (ILA- RCA) et Paulette Roulon-Doko du LLACAN-CNRS
- Jean-Claude Dodo ''Etude comparative de la dénomination de la couleur dans 16 langues ivoiriennes issues des groupes Kwa, Kru, Gur et Mandé'' Résumé : La couleur dans les langues ivoiriennes sont perçues et appréhendées de différentes manières. Dans cette étude, un accent sera mis sur 16 langues à raison de 4 langues par groupe linguistique (Kwa, Kru, Gur et Mandé) existant en Côte d’Ivoire. Ces langues sont toutes issues du phylum Niger-Congo. Cette étude comparative mettra en exergue les différentes qualifications de la couleur des plus basiques (noir, blanc, rouge) au plus complexes (les 3 couleurs citées ci-avant avec leurs nuances et les autres couleurs [bleu, jaune, violet, orange, marron, vert…]) dans ces langues ivoiriennes. Par ailleurs, nous montrerons les différentes déclinaisons de la couleur en rapports direct ou indirect avec les noms (propres et communs) et certaines expressions usités. La question de recherche de cette présente étude est de savoir si la perception occidentale de la couleur influence les réalités culturo-linguistiques endogènes de ces peuples. Ou encore s’agit-il d’une influence mutuelle ?
- Sébastien Di Silvestro ‘’Si tru, taki tru, libi tru », voir vrai, parler vrai, vivre vrai : Une symbolique fluviale de la géométrie des couleurs’’ Résumé : L’histoire des Alukus, débute « aux premiers temps », la période de la fuite à la servitude hollandaise avec le chef marron Boni. Réfugiés sur les rives du Maroni, 500 kilomètres de frontière liquide, de frontière fictive séparent la France aux mille pluies de l’ancienne Guyane hollandaise, le Suriname. Des esclaves Njukas ayant participé à la traque des Alukus en fuite, les deux ethnies développeront un cousinage fait d’autant de fraternité que de défiance. « Si un fleuve ne peut exister sans deux rives » (proverbe Boni), la berge française est généralement considérée comme Aluku tandis que le côté surinamais appartient aux Ndjukas. En dépit de liens familiaux étroits, les lignages (Lo), appartiennent à l’une ou l’autre des ethnies. Elles sont reliées par une origine, une structure langagière commune, une multitude d’usages et par un récit ontologique coutumier dont la mémoire africaine est absente. De part et d’autre du fleuve émerge au 19e siècle, un art, intitulé « Tembé »*, alliant géométrie et couleurs primaires, un art de la peinture et de la sculpture. Ornant les ciels de cases, les têtes de pirogues, le Tembé dessine des entrelacs de couleurs de forte portée symbolique : courage, avenir, fidélité, protection... Il esquisse une géométrie du mouvement perpétuel de l’eau tandis que le maniement des couleurs, intimement lié à la langue, puise sa cohérence symbolique dans un enseignement de l’équilibre distillé par les anciens. Leur croisement forme un labyrinthe fluvial et sylvestre d’où le trait disparaît et ressurgit. Chaque couleur désigne un élément essentiel de leur cosmogonie. Tandis que le noir (terre) et le jaune (soleil) servent exclusivement à matérialiser la séparation des contours (aponchis). Les lits de couleurs en circulation calquent l’écoulement du fleuve (Aliba) source de toute vie (libi). De nos jours, le Tembé s’exprime sous une forme traditionnelle moins vigoureuse et cependant très respectée, tandis qu’il connaît par ailleurs un fort développement de formes plus libres considérées comme un art contemporain. À partir d’une enquête de terrain menée en Guyane, auprès de l’association « Mama Bobi » (le sein de la mère des marrons), d’artistes et gaan man Alukus (chefs coutumiers) de Papaichton et Maripasoula, ainsi qu’au cœur du pouvoir Ndjuka, à Drietabbetje, nous tenterons de déterminer s’il existe une interprétation symbolique unique et commune aux deux ethnies, des formes et couleurs constitutives du Tembé traditionnel. Ou si, à l’instar des variations langagières, les Tembés Aluku et Ndjuka proposent une symbolique des couleurs et des lectures différenciées du fait de leur histoire. Nous chercherons également à découvrir s’il existe un lien entre les disparitions des lignes dans des figures géométriques qui les supposent et une forme de métalangage qui aurait permis aux esclaves de discuter secrètement entre eux même auprès de gardes possédant les rudiments de leur langue. Enfin nous tenterons de proposer une synthèse de l’influence et des usages actuels du Tembé en Guyane et au Suriname, où le pouvoir traditionnel, l’intégration et la reconnaissance des peuples, et les politiques culturelles autour des « arts premiers » connaissent des trajectoires radicalement différentes. Note : Tembé, terme issu de l’anglais timber »’bois de construction »’
- Séraphin-Personne Féikéré (ILA/ Equipe RCA) ‘’Besoin lexical des nuances des termes de couleurs dans le développement du sängö’’ Résumé : Toute langue est capable virtuellement de créer et de trouver des termes pour désigner une réalité nouvelle. Ancien parler véhiculaire du ngbandi dont l’usage s’est répandu durant la colonisation française, devenue langue nationale à l’indépendance puis langue officielle en 1991, la langue sängö doit pouvoir répondre aux besoins quotidiens des nouveaux locuteurs natifs des grandes zones urbaines que pour satisfaire les échanges et contenus scientifiques et technologiques. Par ailleurs, malgré les différentes Constitutions, le statut du sängö et du français comme langues officielles, nous constatons que le français reste la langue de l’administration. Nonobstant ces faits, ces langues se sont toujours côtoyées sans concurrence majeure dans les secteurs de la vie quotidienne, seulement, dans certains cas, les dépositions et arrêts se font en français à cause du supposé manque de termes en sängö. L’élaboration de lexiques de termes spécifiques s’avère indispensable pour pallier au manque, instrumentaliser le sängö au niveau de l’administration et autres secteurs afin de lui faire jouer son rôle de langue officielle. Séraphin anime l’atelier Recherches de terrain, catégorisation, traitement des informations lexicales et sémantiques / axe(s) de réflexion de travail : linguistique et ethnolinguistique de terrain, description et modélisation du lexique avec Olivier Bondéelle - MoDyCo- UMR 7114 Modèles, Mbacké Diagne (UCAD)et Paulette Roulon-Doko du LLACAN-CNRS
- Sylvie Grand’Eury-Buron : Instigatrice et responsable du dispositif-projet TSANGA. Elle coordonne avec Erick Cakpo l'ensemble du colloque. ( sylvie.grandeury-buron@univ-lorraine.fr)
- Muriel Jacquot ‘’Couleur et polysensorialité en alimentaire’’Résumé : La vision est la première information sensorielle que nous obtenons de notre environnement. A ce titre, nos perceptions visuelles, et plus spécifiquement de la couleur, vont permettre à notre cerveau de nous orienter dans nos choix et vont interférer avec nos autres perceptions. Nous allons ainsi anticiper le sucré d’un gâteau ou d’une boisson, le bouquet aromatique d’un thé ou d'un café ou encore le touché d’un emballage bien avant le premier contact. Mais, au-delà de cette anticipation, nous allons aussi catégoriser les perceptions attendues à tel point que toutes dissonances entre ce qui a été imaginé visuellement et ce que nous ressentons réellement va venir bousculer voir transformer nos perceptions.
- Dorgelès Houessou « Contribution à une parémiologie des couleurs en pays Brong : aspects stylistiques et symboliques »Résumé : En pays Brong (Centre-est de la Côte d’Ivoire) comme dans la plupart des cultures africaines et d’ailleurs, des valeurs axiologiques et doxiques sont associées à l’expression des couleurs. Celles-ci étant culturellement connotées dans une perspective manichéenne, leur emploi proverbial n’en rajoute que plus de mystère au langage générique concerné qui est fondamentalement trompeur pour qui en ignore la symbolique constitutive. Le présent essai de parémiologie vise à révéler d’une part les procédés de nomination des couleurs dans la langue Brong qui comporte trois principaux vocables pour désigner l’ensemble des couleurs, et d’autre part à évaluer leur impact dans la visée pédagogique de l’énoncé sapiential. On s’appuiera sur la stylistique et le symbolisme en vue de révéler le sens doxique de chaque proverbe d’un corpus d’une quinzaine d’entrées. La première, à vocation descriptive et heuristique, participera au relevé des mécanismes langagiers et rhétoriques mobilisés dans le cadre de l’énonciation sapientiale connu pour être un morceau d’originalité littéraire et de grande maitrise de l’art oratoire. La seconde méthode, herméneutique dans sa finalité, ouvrira un aspect doxique et sociolectal de la parole proverbiale Brong dans la mesure où « l’essence du proverbe doit surtout être repérée dans son double régime « gnomique » et « déontique », plus précisément encore dans une bascule entre ces deux régimes de discours. Il n’y a proverbe que dans la mesure où un savoir est valorisé comme morale pratique »[1]. Axe : Perception-dénomination traditionnelle et moderne de la notion de couleur : nature des objets importés nommés avec termes de couleur et appropriation de ceux-ci (art, religion, technologie comme l’usage du fer, etc. )
[1] Abdelaali Talmenssour, Pour un modèle d’analyse sémantique des proverbes amazighes, Asinag, 3, 2009, p. 195-212, p.199. - Yves Moñino ‘’Une autre conception des Lumières : les noms de couleur en gbaya (RCA) et en palenquero, créole de Colombie’’Résumé. Je développe ici une théorie qui s’oppose à la celle de Berlin & Kay, fondée sur le présupposé que « tout terme de couleur désigne dans toute langue une portion du spectre » : celle de la mise à jour d’invariants cognitifs (contraintes psychosensorielles) que les groupes humains organisent en combinaisons très différentes et en symbolismes parfois opposés. J’illustre cette thèse par une comparaison lexicale et sémantique des noms de couleurs en gbaya ’bodoe (RCA) et en créole de Palenque (Colombie). Fondée sur des matériaux recueillis entre 1970 et 1986 pour le gbaya, entre 1994 et 2017 pour le créole, elle part de la présentation des termes gbaya qui constituent le champ de la représentation linguistique des couleurs dans cette langue, et de leur analyse sémantique (sens propres et figurés) puis symbolique. Le système est organisé autour de la luminosité (clair / sombre / vif) plus que sur la teinte fixe, et inclut un paramètre indissociable de statut de cette luminosité (en devenir / résultante / qualitative). L’élaboration conceptuelle par les Gbaya de leurs perceptions visuelles ne se réduit pas à l’évocation de teintes colorées ni même de types de luminosité, mais se fonde sur la dynamique de la lumière, ses changements d’apparence, sa situation dans un contexte, et son éventuelle évaluation en terme de jugements affectifs. Quant aux noms de couleurs en palenquero, ils montrent un double système de nomination, l’un pour les couleurs de la nature, fondé sur la lumière, l’autre pour les couleurs des artefacts, dérivé des noms de couleurs de l’espagnol et qui réfèrent à des teintes fixes et non à des luminosités. - Stephen Palakyem Mouzou ‘’Pistes didactiques dans l’éducation de la couleur’’ résumé : L’éducation des couleurs requiert une démarche prudente surtout quand elle se donne en milieu africain. Il est indéniable que chaque peuple a une représentation, une symbolique, une histoire, une culture de chacune des couleurs conformément à son vécu, ses traditions. Cependant, et eu égard aux pratiques qui les diffèrent, en Afrique, un pont est requis lorsqu’on passe de l’éducation informelle à l’éducation formelle, l’opposition chromatique allant généralement du simple au complexe. Le présent article qui s’inscrit dans les axes de recherche de l’équipe Togo-Bénin-Ghana a pour objectif de présenter les réflexions et les activités réalisables pour la transmission des connaissances chromatiques qu’il s’agisse du formel ou de l’informel. Dans le cadre strict de l’éducation formelle, des propositions seront faites pour améliorer les enseignements de couleurs selon qu’on soit dans une classe bilingue ou monolingue. L’étude s’appuie sur des données observées et collectées auprès des familles et des écoles de plusieurs localités des trois pays de l’équipe. Elle s’appuie également sur les difficultés rencontrées par les enseignants dans les écoles pilotes de l’initiative ELAN-Afrique.
- Victoria Nyst ‘’L’influence du contexte socio-culturel sur les termes de couleurs dans les langues des signes Africaines’’Résumé : Le domaine sémantique des termes de couleur dans les langues des signes présente des modèles récurrents de manière inter-linguistique. Dans une certaine mesure, les termes de couleur dans les langues des signes suivent les modèles typologiques observés pour les langues parlées. Dans le même temps, les signes colorés montrent une modalité spécifique, des motifs récurrents, par exemple sous la forme d'une proportion relativement élevée de termes motivés (y compris l'iconicité, l'indexicité et l'emprunt).
-Kra N’Guessan ‘’ Prise en compte des spécificités culturelles authentiques du pays Baoulé dans la conception et la réalisation d’œuvres colorées d’un artiste’’ Résumé : Mon propos consistera à expliciter la conception des couleurs en pays Baoulé au centre de la Côte d’Ivoire, à travers mon parcours de peintre sculpteur depuis les années 70. Je me ferai un devoir de rappeler, au préalable, l’historique du mouvement Vohou-Vohou, fondé au départ sur l’utilisation des matériaux bruts et authentiques. Le matériau n’est pas choisi au hasard : sa forme, sa texture et sa couleur sont des éléments qui donnent sens à l’œuvre. Ces matériaux souvent ramenés de nos villages comme le tapa, le kaolin et les nattes faites de fibres végétales tressées ont toujours une histoire : histoire authentique que le Vohou invite à lire avec des mots nouveaux.
- Carolina Ortiz Ricaurte "Les termes de couleur et leurs représentations en kogui (Sierra Nevada de Santa Marta, Colombie)". Résumé : Cette présentation se fonde sur tous les termes de couleur que j’ai recueillis pendant plus de trente ans de travail de terrain. Nous commençons avec le mot kogui que l’on peut traduire par ‘couleur’ (et ses dérivés ‘coloré’ et ‘colorié’) avant d’approfondir avec précision l’étude des quatre termes de couleurs de base de la langue kogui : caractéristiques grammaticales, portions du spectre des couleurs auxquelles ils peuvent correspondre, extension sémantique et toutes les dérivations possibles de la racine lexicale de ces quatre termes dérivés qui ne sont pas des noms, mais des verboïdes. Ces quatre termes font partie d’une classe de mots comprenant très peu d’items, et qui se caractérisent sémantiquement comme étant des qualités essentielles, inséparables des référents auxquels ils s’appliquent. La forme de base, sans aucune marque, de ces termes de couleurs sont des noms, lesquels ne sont pas proprement des termes de couleur.
- Paulette Roulon-Doko ‘’Les couleurs forment-elles un domaine spécifique ? Une réflexion à partir d’une langue à tradition orale, le gbaya de République Centrafricaine’’Résumé : Je montrerai à partir de l’emploi en situation des ‘couleurs’ en gbaya, langue oubanguienne de RCA, que la langue ne distingue lexicalement pas la couleur de l’aspect visuel qui prend en compte aussi bien les rayures, la taille du support, la couleur, etc. (animal, plante par exemple) J’analyserai ensuite avec attention le rôle joué par les verbes et les adjectifs dans l’appréhension de l’aspect visuel. Et enfin, je montrerai que les locuteurs ont très souvent recours à des éléments types auxquels ils réfèrent pour désigner une couleur, comme l’orange en français par exemple. Par ailleurs, Paulette-Roulon-Doko anime l’atelier Recherches de terrain, catégorisation, traitement des informations lexicales et sémantiques / axe(s) de réflexion de travail : linguistique et ethnolinguistique de terrain, description et modélisation du lexique avec Olivier Bondéelle - MoDyCo- UMR 7114 Modèles, Séraphin-Personne Féikéré (ILA- RCA) et Mbacke Diagne (UDAC-Sénégal).
- Angoua TANO “Stratégies d'expression et connotations liées à la notion de couleur dans une langue des signes émergente: la Langue des signes de Bouakako (LaSiBo) – Côte D’ivoire ‘’Résumé : Les couleurs exprimées en LaSiBo se perçoivent différemment selon le type de données. L'élicitation avec 10 couleurs présentées permet d'observer des signes comme PEINDRE, LEVER-DU-SOLEIL, COUCHER-DU-SOLEIL pour exprimer respectivement ‘jaune’ ou ‘vert’, ‘blanc’ et ‘noir’. Dans les données de productions spontanées, à part FROTTEMENT-bras et FROTTEMENT-paume, toutes les couleurs sont exprimées à l'aide de pointages ou frottement d'objets qui porte la couleur à désigner.
- Bruno Trentini « vision, perception, cognition : perspectives et pistes d'application africaines »Résumé : "Les traditions scientifiques tendent à distinguer d'un côté la vision qui implique des processus physiologiques et de l'autre côté la perception qui, en plus de mobiliser d'autres sens que la vue, implique des processus cognitifs bien plus complexes. Ainsi, seule la perception pourrait être modifiée par la culture. L'enjeu de cet atelier sera de revenir sur cette première distinction afin d'en interroger la pertinence : ne serait-il pas envisageable que les rétrocontrôles et sélections à l’œuvre dans la perception puisse avoir un impact sur la vision elle-même ? Aussi, au-delà de la modification culturelle de la perception, l'atelier tentera de circonscrire l'influence de l'environnement dans la perception en s'appuyant sur la notion d'écologie de la perception formulée par J.J.Gibson." Animateur de l’atelier « vision, perception, cognition : perspectives et pistes d'application africaines », avec Manuel Valentin (anthropologie/art), Jean-Jacques Angoua TANO (Langue des signes –Côte d’Ivoire), Kra N’Guessan (Plasticien) et Sébastien Di Silvestro (journaliste indépendant) Participants :psychologue, biologiste, arts graphiques-plastique, architecte, ... - Françoise Ugochukwu ’’Dénomination des couleurs dans la langue igbo du Nigeria, des dictionnaires aux forums en ligne en passant par le symbolisme des conteurs’’ Résumé : L’igbo, troisième langue nationale du Nigeria et dont les locuteurs partagent une culture et des traditions communes, est parlée au sud-est de la Fédération dans les États actuels d’Abia, Anambra, Ebonyi, Enugu et Imo, et dans une partie des États des Rivières et du Delta où l’igbo est la langue dominante. Mis par écrit dans la seconde moitié du dix-neuvième siècle, l’igbo compte plus de 30 millions de locuteurs. Langue officielle d’enseignement dans les premières années du primaire de la région et langue de culte pour les communautés chrétiennes au sud-est du Nigeria, cette langue est également enseignée en secondaire et dans plusieurs universités du pays. Ses locuteurs disposent d’une activité lexicographique ancienne bien ancrée et, grâce en partie à une diaspora dynamique, elle a donné lieu à de nombreux forums en ligne.
- Manuel Valentin ‘’Du phénomène couleur à l’étude des comportements techniques, culturels et symboliques.‘’ Résumé : S’interroger sur la réalité des couleurs conduit à établir le paradoxe suivant : les sciences physique nous enseignent que la couleur n’a pas d’existence matérielle, alors qu’elle est omniprésente dans l’environnement et conditionne depuis des millénaires de nombreux comportements techniques, culturels et symboliques. La couleur est d’autant plus délicate à définir que, selon le contexte historique et culturel envisagé, elle est imbriquée dans des systèmes de valeur autres qui relèvent des sensibilités à la fois individuelles et collectives. La luminosité, la brillance, la texture… sont quelques-uns des aspects essentiels qui permettront d’illustrer le propos.
- Jean-Marie Vanzo, “Une langue toute en couleur, mais pas que …/ LSF et français signé ”Résumé : Après une brève distinction des modalités du langage signé pratiqué par les personnes sourdes natives, les personnes malentendantes et leur environnement proche, à savoir la langue de signes (LSF) et le français signé, nous aborderons, ce qui nous parait fondamental avant toute forme d’exploration de ces questions, l’inversion des processus d’appropriation et de développement de l’outil linguistique signé, propre à ce paradigme.
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